La réhabilitation des installations de Schlumberger à Montrouge, réalisée de 1981 à 1984 par Renzo Piano, présente quelques aspects d'intérêt.
Tout d'abord, il s'agit d'une reconversion à un nouveau type d'usage, suite à l'évolution des activités du site avec abandon de la production industrielle, mais développement de l'activité de recherche et développement à la place. Ce besoin nouveau aboutit à la destruction des halles industrielles occupant le centre du site et à la reconversion des barres de 5 étages afin qu'elles accueillent mieux des activités de bureau. l'espace libéré au centre accueille des équipements en souterrain et sous une colline plantée traversée d'une rue couverte.
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Almanach montrant une vue aérienne du site en 1960 (source : historique de l'usine par Gérard Boquet) |
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Vue du site après réhabilitation (source : Renzo Piano Building Workshop) |
Il est intéressant d'observer la manière dont Piano travaille avec l'existant pour le mettre en valeur sans sombrer dans une forme de nostalgie ou dans un aspect clinquant trop artificiel. Les éléments structurels de l'ancien bâtiment - cadre béton, surélévation en briques, charpente métallique - sont conservés et exposés par la décision de créer une enveloppe toute en verre dans la profondeur. Cependant, Piano évite l'effet de boîte dans la boîte en traitant les circulations en treillis métallique jaune à l'intérieur, dans l'espace intermédiaire et à l'extérieur, et en établissant une continuité des plans d'eau et de la végétation entre intérieur et extérieur de la nouvelle enveloppe vitrée. La progressivité de la profondeur prend ainsi le pas sur la perception des deux plans de façade juxtaposés.
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Coupe au niveau des circulations : on voit comment la structure ancienne est exposée (source du fond : Renzo Piano Building Workshop) |
La polychromie employée facilite la lecture des différents organes techniques - rouge pour l'acier structurel d'époque, bleu pour l'air conditionné, blanc pour le béton, gris pour le remplissage de brique, jaune pour les circulations. Si ce type de dispositif est un peu daté aujourd'hui, il faut reconnaître la part qu'il joue pour éviter de sacraliser l'ancien bâti, en soulignant l'aspect rationnel et fonctionnel des éléments plutôt que leur simple aspect plastique.
Au résultat, La reconversion préserve de nombreux aspects hérités du passé industriel, sans pour autant s'interdire de modifier en profondeur l'existant ou d'en détruire une partie. La sobriété de l'intervention permet d'éviter le sentiment d'artificiel, le jeu de polychromie et la végétation intérieure compensant une apparence presque austère. Une médiation entre l'échelle très grande de l'extérieur des bâtiments et l'échelle plus réduite des activités de bureau est effectuée par le jardin paysager qui remplace les hangars industriels : la grande échelle reste présente mais son côté austère et menaçant est ainsi gommé.
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