Une question centrale de la reconversion est celle de la place accordée au passé dans le nouveau projet. Bien souvent, cette réflexion se limite à une approche physique du problème, où la différence entre le bon et le mauvais se situe uniquement à l'interface entre la conservation d'éléments esthétiques employés comme citations (une sorte de façadisme historique de bon ton) ou un effort de préservation de la logique organisationnelle de l'original, ce qui pose bien entendu question quand à la compatibilité avec une activité nouvelle radicalement différente.
Il me semble que cette approche uniquement physique des choses est incroyablement réductive et n'aboutit qu'à la reproduction à l'infini d'un même modèle de bâtiment où l'ancien est comme plastifié et exhibé fièrement dans un dispositif clinquant, une sorte d'harmonie mise en scène, répétitive et finalement monotone (voir le quartier Bercy village pour un exemple assez frappant).
Mikhail Karikis et Uriel Orlow sont les deux auteurs de Sounds from Beneath, une vidéo sur l'exploitation minière, dans laquelle le chant choral et la vidéo nous font approcher la force et la violence d'une activité qui a transformé, bouleversé la terre et les hommes.
A mon sens toute la question d'une intervention sur un ancien site industriel se situe à ce niveau : comment incarner l'âme de l'ancienne activité, au-delà de la simple conservation/mise en exergue de certains éléments physiques "civilisés", c'est-à-dire relativement exotiques et conservant un potentiel de fonctionnalité suffisant pour justifier leur conservation. Conserver l'âme plutôt que les formes. Vaste programme.
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